De nos trottoirs à nos voitures en passant par nos maisons, tout notre environnement se dote d’une intelligence propulsée par les évolutions numériques, et le secteur de la santé n’y fait pas exception. Compte tenu du vieillissement de la population, de l’évolution des modes de vie, ou encore de la désertification médicale notamment, soigner autrement est devenu une priorité en matière de santé publique. Et la santé connectée dans l’ensemble des domaines, qu’il s’agisse de bien-être, de prévention, de diagnostic ou encore de suivi des soins et d’accompagnement du patient, est une piste privilégiée qui ouvre bien des perspectives.
La littérature foisonnante sur le sujet en est le révélateur, le marché existe, il est d’ailleurs très vaste, et les attentes sont à la hauteur des promesses qui sont faites aux médecins, aux équipes soignantes, aux patients, et plus largement à tous les utilisateurs potentiels. Ce n’est pas un hasard si des acteurs tels que Microsoft, Google ou encore Apple, prennent le risque de s’éloigner de leur cœur d’activité, et que de nombreuses start-ups voient le jour pour investir ce marché, à grand renfort d’applications, de services, et de lancement d’outils de mesure.
Selon le rapport La santé connectée, quelle révolution ?, rédigé par le think tank « Cartes sur table », ce marché, qui en 2012 était estimé à 300 milliards d’euros (dont 20 milliards pour les entreprises françaises), devrait connaître d’ici à 2017 une croissance annuelle régulière de 4 à 5 %. Pour autant, malgré quelques signes de frémissements, couplés à de nombreuses promesses formulées et beaucoup de prospective, le « big bang » ne s’est pas encore produit, et rares sont les patients pouvant profiter d’un suivi médical à distance.
Au même titre que les tendances comme le cloud ou encore le big data à leurs débuts, la santé connectée est en train d’entamer un grand voyage. Le chantier est vaste, et il va falloir compter sur un certain nombre de facteurs avant que le secteur ne se structure, que chaque utilisateur potentiel puisse pleinement en tirer parti, et que les entreprises parviennent à générer de la valeur.
Au premier rang de ces facteurs, l’infrastructure. Elle est au fondement de tous les systèmes, services et données créés, et se doit de respecter les réglementations en matière de confidentialité et de sécurité des données personnelles.
Epicentres de cette infrastructure, les data centers ont un rôle prépondérant à jouer pour assurer le stockage et le trafic des données, ainsi que l’interconnexion des différents acteurs de la filière santé aux points d’interconnexion Internet, aux fournisseurs de services cloud et aux opérateurs Télécom. En d’autres termes, ils constituent les pierres angulaires indispensables au fonctionnement de la santé connectée.
Or, tous ne pourront pas assurer ce rôle pivot. Seuls les data centers de classe internationale, hyperconnectés, et surtout certifiés, le pourront. Car l’une des principales préoccupations réside bien là : gérer et garantir la confidentialité des données de santé à caractère personnel tout en assurant un accès rapide aux informations. De nombreuses données privées vont être collectées et devront être stockées pour pouvoir être exploitées. Il faut pouvoir y accéder rapidement, voire en temps réel, et leur confidentialité doit pouvoir être garantie à tout moment.
Il existe un cadre réglementaire régi par l’Agence des Systèmes d’Information Partagés de Santé (ASIP Santé), et dont la mission est de délivrer l’agrément d’hébergeur de données de santé à caractère personnel. Pour le moment, seuls deux opérateurs de data centers ont été certifiés parmi les 92 membres ayant obtenu l’agrément. Cela s’explique par des démarches complexes, nécessitant des investissements que peu d’acteurs sont prêts à consentir en raison d’un marché encore peu mature.
À ce jour, la majeure partie des projets dans ce domaine provient essentiellement d’initiatives privées. Alors que le marché français de la santé est très concentré, et principalement porté par les organisations publiques, une approche unifiée, définissant des orientations précises impulsées par le gouvernement, s’avère nécessaire. Elle permettrait de structurer la filière et d’atténuer le « gap » qui subsiste encore entre des appareils connectés bénéficiant de l’attrait de la nouveauté et une exploitation médicale plus poussée.
Rome ne s’est pas construite en un jour, et le voyage ne fait que commencer pour permettre à la santé connectée de connaître l’essor qui lui est promis, et de dévoiler tout son potentiel. À l’instar de la capitale italienne, tous les chemins numériques mènent aux data centers. Cependant, tous ne seront pas équipés et certifiés pour relever le défi de la santé connectée, et lui permettre ainsi d’être correctement exploitée.
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