Le succès récent et croissant du système d’exploitation Android est souvent relativisé. Beaucoup le présentent comme une version « low cost » par rapport à la référence dans ce domaine que représente l’iPhone. La réalité est bien différente. L’iPhone d’Apple, sorti en 2007, a relégué sur le coup les références Blackberry de RIM et celles de Nokia au rang d’antiquités. Cette révolution se traduisait à la fois par une interface tactile multipoint aussi originale qu’intuitive que par un modèle de distribution sur cette plateforme particulièrement novateur.
La riposte de Google a pris la forme de la première version du système d’exploitation mobile Android en avril 2009. Google a su reprendre les standards imposés par la révolution iPhone : navigation avec écran tactile, ensemble logiciel couvrant les fonctionnalités de base (web, e-mail, multimédia…), kit de développement et plateforme de distribution d’applications. Android ajoute certaines spécificités :
- Système d’exploitation ouvert.
- Android Market moins fermé que l’AppStore.
- Java facilite l’accès et permet la réutilisation de librairies.
- Spécificités ergonomiques (barre de notification du téléphone, bureaux virtuels…).
- Services (Gmail, Gtalk…) intégrés au téléphone.
À l’heure actuelle Google affirme que 550 000 activations de périphériques Android sont réalisées chaque jour. Aux Etats-Unis, les téléphones sous Android ont dépassé les 50% de parts de marché contre 29% pour iOS. Dans le monde, c’est à l’heure actuelle la plateforme la plus vendue avec une part de marché de 48% sur les ventes de smartphones.
L’ouverture de la plateforme et l’apparente simplicité de développement sont autant responsables du succès de cet environnement que des critiques qui lui sont formulées. La fragmentation de ce marché est considérable et impacte fortement le développement d’applications. Elle prend plusieurs formes :
- Les types de périphériques supportés (smartphones, baladeurs audio/vidéo, tablettes, télévisions connectées.
- Nombreuses versions avec chacune leurs défauts et leurs améliorations. La nouvelle version (4.0) réuni les versions smartphones, tablettes et TV en une seule, mais il faudra toujours composer avec un parc de périphériques déjà très conséquent.
- Chaque constructeur est libre sur le matériel qu’il intègre dans les périphériques Android qu’il développe. Il en découle une grande disparité sur le matériel à gérer : différentes résolutions d’écrans, présence ou non d’un GPS, d’un accéléromètre, puissance du processeur variable…
On comprend ainsi la difficulté de développer et de tester une application qui fonctionne dans l’écosystème Android. Outre la maîtrise technique, le développement passe par un respect des pratiques d’ergonomies de la plateforme, ainsi que la réalisation d’un design de qualité. De plus, on ne peut décorréler le développement d’une application mobile Android d’une stratégie globale de l’entreprise vis-à-vis de la mobilité. Celle-ci doit tenir compte de l’écosystème mobile fragmenté en périphériques et en systèmes d’exploitation (iOS, Android, BlackBerry OS, Windows Phone 7, Bada…). Coté marketing, un lancement réussi d’une application mobile représente un investissement de près de 60% du budget.
Android s’avère une plateforme novatrice et complexe. La réussite d’un projet Android passe par quatre éléments : expertise technique, ergonomie, design et marketing.
Guilhem Duché, Responsable mobilité GFI Rennes
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