L’Observatoire Social Territorial de la MNT publie une étude réalisée par Philippe Guibert, sociologue, consultant et enseignant au Celsa, Jérôme Grolleau, sociologue et consultant et Alain Mergier, sémiologue, sociologue et directeur associé du cabinet d’études sociologiques Wei institut, et intitulée : Comment les agents territoriaux se sentent-ils dans leur travail ? Prenant en compte toute la diversité de la Fonction publique territoriale (FPT), catégories d’agents, âges, lieux, métiers, types et tailles de collectivités, cette étude qualitative permet de cerner la façon dont les agents perçoivent leur travail, leur environnement professionnel, les fondements de leur motivation et de leur appartenance à la FPT.
Il en ressort que si les agents territoriaux sont fiers du service de proximité qu’ils offrent aux Français, ils souffrent du mode de fonctionnement des collectivités et sont inquiets pour leur avenir. Face à cette situation les auteurs ouvrent la réflexion pour inscrire le management au cœur d’une nouvelle phase de la décentralisation. Les agents sont attachés à la Fonction publique territoriale parce qu’elle leur permet d’être utile aux habitants. Ils donnent à leur mission un sens fort qui fonde leur identité et leur fierté.
Il existe toutefois un réel sentiment d’isolement. Ils ont souvent le sentiment de devoir trouver en eux-mêmes et pour eux-mêmes le sens de leur mission et de leur motivation. Ils se sentent un peu seuls, dans leur environnement professionnel pourtant très structuré. Ils accomplissent leur mission et en construisent le sens en parallèle du discours de l’institution locale.
Pour eux, le processus de décentralisation n’est plus du tout un mythe mobilisateur. Il représente plutôt une dynamique négative, dans laquelle leur statut s’affaiblit, sans garantie d’avenir même s’il reste encore un avantage précieux. Beaucoup vont jusqu’à décrire leur système de management comme paralysé, leur activité comme usante et vont même jusqu’à parler de souffrance au travail.
Face à ce malaise, l’étude propose des pistes d’amélioration pour les différents acteurs qui évoluent autour de ces agents, qu’ils soient cadres intermédiaires, supérieurs ou élus. En effet, ceux-ci doivent relier à nouveau les agents à leurs institutions. Les préconisations s’articulent autour de deux grands axes :
1/ Recréer des valeurs collectives
- Redonner aux agents territoriaux un sentiment d’appartenance à leur collectivité et à la Fonction publique territoriale. Cela semble nécessaire pour répondre à l’exigence de sécurisation symbolique. La décentralisation doit être perçue comme une amélioration des services publics locaux et une plus grande qualité du service aux habitants.
- Redonner du sens au territoire, en inscrivant la relation humaine dans un espace concret et réel qui offre la possibilité d’ajuster les solutions aux situations individuelles et d’accompagner les personnes, les habitants.
2/ Recréer un cadre mobilisateur
- Centrer les projets et les objectifs sur la qualité de la relation et de service aux habitants. Cette orientation du management parait nécessaire pour redonner un sens aux missions quotidiennes, mais aussi pour recréer le lien entre les agents et les politiques locales.
- Rétribuer le travail de façon différenciée avec une part variable de primes, à court terme et selon des règles connues et transparentes pour valoriser le travail des agents.
- Mettre en place de nouvelles perspectives d’évolution salariale ou de carrière à moyen terme grâce à l’évaluation et à la reconnaissance personnelle. Cela devrait permettre de redonner des perspectives de carrière aux agents de catégorie C, en les encourageant notamment à passer des concours, ou à les inciter à se former.
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