Marie-Françoise Guyonnaud
Responsable pédagogique du MBA Smart city et management des éco-quartiers et du MBA Smart building et Internet des Objets – Institut Léonard de Vinci
Présidente de Smart Use
Né au milieu des années 1990, internet a très rapidement bouleversé la vie quotidienne et la gestion des entreprises, transformé les relations économiques et sociales, modifié les rapports entre les pays et les hommes. Il est finalement devenu le média qui a connu la plus forte croissance de l’histoire de tous les moyens de communication.
Internet était déjà omniprésent dans nos vies via trois médiums privilégiés que sont l’ordinateur, la tablette et le smartphone. Aujourd’hui, l’électronique s’intègre dans presque n’importe quel objet (voitures, appareils électroménagers, vêtements …) se connectant de manière autonome sur Internet et nous plongeant dans l’Internet des objets. Un monde où nos interactions quotidiennes avec les objets de notre environnement laissent une trace de données, de la même manière que le font déjà nos activités en ligne. Internet transforme les modalités de circulation de l’information, supporte de plus en plus des espaces d’action, de transaction, de coproduction et de rencontre selon des modèles et valeurs différents (partage, propriété, vie privée, sécurité, responsabilité).
Progressivement, nous glissons dans l’Internet de l’Everything (IoE) ou du « tout internet » comprenant objets, données, processus et personnes (via smartphones, montres et réseaux sociaux) qui conduit à la collecte et au partage massif d’informations.
L’IoE s’avère un futur levier de performance dans les territoires pour la gestion énergétique, l’eau, les déchets, les transports et la multi-modalité, la mobilité, le stationnement, l’usage des locaux …
Services et usages se développent dans le secteur de l’environnement et de l’énergie pour lutter contre le réchauffement climatique : rénovation thermique des bâtiments, réseaux d’énergies renouvelables, mobilité durable, optimisation des déchets … La donnée est au cœur des stratégies de déploiement des compteurs et réseaux intelligents et bouleverse la chaîne de valeur entre le monde du numérique et celui de la production / distribution de l ‘énergie.
Ces nouvelles approches de la gestion des réseaux entraîne des questions autour de capacités de financement et d’investissement public et privé mais également d’aménagement numérique des territoires. En parallèle, le mouvement d’ouverture des données publiques se poursuit notamment dans le domaine des transports et des collectivités avec la loi Macron et la loi NOTRE (réforme territoriale).
La démocratisation des objets connectés pour la maison et le développement de plateformes dédiées par les acteurs des nouvelles technologies obligent les industriels du BTP à se positionner pour ne pas rester à la porte du marché de la maison connectée.
Les géants de l’Internet et de l’électronique gravitaient historiquement loin du BTP et bousculent aujourd’hui les industriels traditionnels de ce secteur en arrivant sur la maison intelligente connectée ou « smart home » et demain, sur le bâtiment intelligent connecté ou « smart building ».
Certains secteurs d’activité démarrent tout juste leur transformation numérique et parmi eux, le secteur de la construction et de l’aménagement.
Le Plan Transition Numérique dans le Bâtiment ou PTNB a été créé le en janvier 2015 pour accompagner cette transition autour de trois objectifs :
- expérimenter, capitaliser, convaincre et donner envie de s'approprier le numérique dans le quotidien de l'acte de construire ;
- permettre la montée en compétences des professionnels du bâtiment autour du numérique et le développement d'outils adaptés à tous les chantiers en privilégiant les objectifs de massification pour le déploiement et en accordant une attention toute particulière aux solutions BIM pour les petits projets ;
- développer un écosystème numérique de confiance en encourageant les travaux de normalisation et permettre ainsi l'interopérabilité des outils et logiciels.
Avec le building information modeling (BIM), chaque bâtiment disposera d’un avatar constitué d’une maquette en 3D couplée à une base de données renseignée à toutes les étapes de son cycle de vie. Cette approche normalisée et collaborative, en cours d’adoption, soutenue par le PTNB, encouragée par les pouvoirs publics, va bouleverser les métiers du bâtiment, faire évoluer les responsabilités et les lignes en matière d’assurance, les métiers de commercialisation et de gestion. Les approches centrées usages et remettant l’expérience utilisateur et le service deviennent de réels enjeux. Des stratégies numériques cohérentes sont à mettre en place entre les différents intervenants dans la conception, la production et la gestion.
Dans ces environnements en ébullition, le choix du pôle de formation « Smart Use » à l’Institut Léonard de Vinci est de plusieurs ordres : acquisition de méthodes et maîtrise d’outils, mise en situation sur des environnements réels avec des clients et utilisateurs dans des bâtiments et des quartiers, apprentissage du numérique sous toutes ses coutures par des travaux pratiques ciblés : de la pratique des enjeux d’interopérabilité et donc de choix des solutions au design de services et à leur prototypage rapide en passant par le BIM qui sur les différentes phases de la vie du bâtiment, de la conception jusqu'à l'exploitation en passant bien évidemment par la construction, la rénovation et la réhabilitation de l'existant. Au delà de l’accroissement des flux de données, il convient également d’amener ces personnes à savoir analyser des données en les contextualisant, à devenir des assistants à « maîtrise d’usage ».
La transformation numérique passe par la mobilisation de tous les acteurs de la chaîne. Aussi, est-il important que la maîtrise d’ouvrage, la maîtrise d’œuvre comprenne les technologies et leurs usages. De fait, le MBA Smart city et management des éco-quartiers accompagne les étudiants et professionnels en leur permettant également de mettre en application. Les apprentissages sont encadrés par différentes formes de pédagogie mixant MOOC, présentiel pour la mise à niveau des connaissances, apprentissage sur des « terrains » entre pairs et tutorat par des professionnels d’horizons différents aux compétences complémentaires. Les démarches agiles, apprenantes et partenariales sont au cœur de la construction des cursus proposés.
Le MBA Smart building et Internet des Objets vise plutôt à former des intégrateurs en capacité de s’y retrouver dans cette « jungle », à proposer des architectures et solutions adaptées aux besoins des clients, à gérer ces solutions dans le temps dans un contexte d’évolutions technologiques rapides, de multiplication des objets à connecter et de l’accroissement des intéractions de tout type dans l’Internet de l’Everything. Il est essentiel d’amener les intégrateurs à accompagner les clients dans l’expression des besoins en mobilisant les capacités des technologies de manière appropriée.
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