Suite à la décision du gouvernement de fermer depuis le lundi 16 mars, les crèches, écoles, collèges, lycées et universités afin de lutter contre la propagation du Covid-19, les solutions numériques sont mises en avant afin de tenter d’assurer la continuité des enseignements.
Les collectivités territoriales oeuvrent notamment en ce sens. Ainsi la Région Ile-de-France a-t-elle rappellé que le virage numérique a été pris dès la rentrée 2019 et que les tablettes et ordinateurs distribués aux lycéens faciliteront le télé-enseignement. La Région invite d’ailleurs les enseignants à utiliser massivement l'espace numérique de travail (ENT). Même posture pour l'Académie de Versailles et le département Hauts-de-Seine pour qui la priorité est de garantir le bon fonctionnement de l'Environnement Numérique de Travail, sur lequel les élèves peuvent notamment trouver, le lien avec le collège par la messagerie, les cours, devoirs mis à disposition par les enseignants, les ressources pédagogiques dont l'outil de soutien scolaire Enseigno, les magazines Playbac…
De son côté l’Unesco souhaite une accéléreration de la mise en œuvre de l’enseignement à distance et a pris des initiatives en ce sens mais alerte également sur les conséquences des fermetures d’écoles particulièrement graves pour les enfants défavorisés et leurs familles*.
La liste des difficultés engendrées par ces fermetures est longue. Parmi celles-ci on peut noter le manque de préparation des parents à l’enseignement à distance et à domicile pour faciliter l’apprentissage à la maison et ce, tout particulièrement, pour les parents dont le niveau d’instruction et les ressources sont limités. Ou encore l’inégalité d’accès aux portails d’apprentissage numérique : l’insuffisance de l’accès aux technologies ou à une bonne connexion Internet est un obstacle à la continuité de l’apprentissage, notamment pour les élèves issus de familles défavorisées, souligne l’Unesco. Or il n‘est pas besoin d’aller bien loin pour trouver ces deux difficultés.
Dans une tribune au « Monde de l’éducation » publiée le 17 mars**, Pascal Plantard, professeur d’anthropologie des usages des technologies numériques estime que si la crise sanitaire nous pousse à réfléchir la classe “hors la classe” », il met en garde contre le « risque d’amplifier les inégalités sociales, déjà très perceptibles en ce qui concerne la dématérialisation administrative*** ». Il convient donc d’analyser dans les moindres détails les principaux obstacles de l’enseignement à distance pour y remédier et réfléchir aux accompagnements à mettre en place pour les enseignants dans cette transformation pédagogique et numérique, souligne Pascal Plantard. Un enfant qui partage sa chambre avec un frère, une soeur, dispose d’un accès internet peu performant ne vivra pas l'enseignement à distance comme celui qui bénéficie de son propre espace et d’une connexion internet via la fibre optique : comment résoudre ce problème ?
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