Décrochage scolaire : La ville d’Argenteuil distribue des tablettes tactiles à plus de 400 élèves
La crise sanitaire du COVID-19 a engendré un décrochage scolaire de certains élèves déjà en difficulté. Un problème accentué par le fait que des familles ne disposent pas de matériel informatique pour que les enfants puissent suivre les cours à distance. Pour les aider, la ville d’Argenteuil en lien avec l’Etat, s’est associée aux maisons de quartiers pour la distribution de tablettes tactiles, annonce un communiqué de cette collectivité locale.
Des tablettes seront données à 118 enfants de CE1, 103 de CE2 et 115 de CM1. 67 tablettes seront quant à elles prêtées à des élèves de 6ème, est-il précisé dans ce commmuniqué. Les enfants ont été identifiés par les services municipaux en lien avec les inspecteurs de l’Éducation nationale, les directeurs d’école ou les chefs d’établissements ainsi que les partenaires sociaux.
Au-delà de la crise sanitaire, ce don offrira l’opportunité à chaque élève de disposer d’un outil performant dans le cadre de ses apprentissages à domicile. Les élèves du Cycle 3 (CM1, CM2, 6ème) auront à travailler des compétences et des activités faisant appel à des supports numériques (lecture, production de textes, mathématiques). L’outil permettra en parallèle de travailler les compétences civiques en lien avec le programme.
La distribution des tablettes se fera, pour les enfants de classe élémentaire, sur rendez-vous dans la maison de quartier proche du domicile. Pour les collégiens, la distribution sera assurée par le chef d’établissement du collège. Le montant de l’acquisition s’élève à 72.210€, avec une subvention de l’État de 54.000€.
Le texte de communiqué, pourtant assez court, ne déroge pas à la règle : il fait la part belle aux éléments chiffrés (détails financiers, nombre total de tablettes, répartition par classes). D’ailleurs dans le titre le ton est donné. Ce faisant ce texte passe à côté du véritable sujet.
Ainsi Pascal Plantard, Professeur d’anthropologie des usages des technologies numériques, Université Rennes 2 dans son billet d’humeur publié en septembre 2019* faisait-il remarquer que ces annonces de distribution de matériels : ”sont généralement peu disertes sur les innovations pédagogiques à l’école ou les formations des professeurs. Or, nous ne le répéterons jamais assez : il n’existe pas de miracle technologique “éducatif”, de tablettes magiques pour réduire la fracture numérique dans l’enseignement.
L’e-éducation c’est avant tout la création d’un éco-système où l’ensemble des acteurs concernés (rectorats, collectivités territoriales, établissements, enseignants, parents, chercheurs…) dialogue en permanence. Avec, à l’appui, des travaux de recherche conduit dans les écoles, les collèges et les lycées sur des durées de plusieurs mois voire de plusieurs années, pour obtenir des résultats robustes et significatifs...Distribuer des tablettes sans se soucier de chaque dynamique d’établissement, des populations qui les fréquentent et des territoires où celles-ci vivent est erreur grossière….
Pascal Plantard concluait : “Soyons sérieux, oublions les effets d'annonce et questions de politique industrielle qui n’ont pas cours ici et tenons compte de chaque contexte. La modernité se constituera par des travaux de recherche sur les usages du numérique dans l’enseignement. Peu importe le support technologique, c'est l'innovation pédagogique qui prime.”
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