Mardi 16 décembre 2020 : un communiqué de presse émanant de l'Arcep faisait état du lancement d'un observatoire des déploiements commerciaux en 5G et en 4G+ afin "d' informer les élus et les citoyens de l’arrivée de la 5G sur leur territoire. Consommateurs et élus peuvent ainsi prendre connaissance des différentes stratégies des opérateurs et être informés de l’arrivée de la 5G dans leur territoire", précisait l'Arcep. Ce même document rappelait qu'en novembre 2020, "les opérateurs mobiles se sont vus attribuer les autorisations d’utilisation de fréquences...Dans la foulée de ces attributions, les opérateurs ont lancé leurs premières offres commerciales, ouvrant leurs réseaux 5G au public entre fin novembre et mi-décembre 2020."
Sauf que plusieurs grandes métropoles françaises ont émis des moratoires sur le déploiement de la 5G sur leur territoire et ont engagé un processus de débats afin de répondre aux préoccupations de citoyens pas inquiets sur l'arrivée ou non de la 5G et des stratégies commerciales des opérateurs mais plutôt des impacts de cette technologie sur la santé et l'environnement (voir nos précédents articles*).
Voici donc que des débats s'engagent, que des études sur les questions d'impacts sur la santé sont en cours (celle de l'Anses par exemple) tandis que les opérateurs placardent les murs de publicités sur la 5G et déploient leurs réseaux ! Verrait-on une voiture lancée sans crash test et mise tranquillement sur le marché ? La mise au point de vaccins, même sur des temps très courts, a tout de même suivi des procédures, des étapes, des phases de test avant la commercialisation. On accepte pour le numérique des comportements qui seraient inacceptables dans d'autres domaines alors qu'il n'est indolore ni pour la santé (effets des ondes sur les tissus humains) ni pour l'environnement (la production des terminaux nécessite l'emploi de métaux rares polluants que l'on ne sait pas ou peu recycler).
On pourrait rétorquer que les déploiements des précédentes générations de technologies mobiles n'ont jamais posé de problèmes. Ce serait oublier que, non seulement la société française a "grandi" en matière de technologie et qu'il existe désormais une prise de conscience des enjeux en matière d'environnement et de santé, et en outre, comme l'a montré la crise des gilets "gilets jaunes", que la défiance s'est installée d'une manière générale vis-à-vis des institutions et notamment des chiffres qu'elles émettent. A fortiori lorsqu'il n'y pas de chiffres ou que les chiffres donnés ne correspondant pas aux attentes des citoyens.
Le dossier de la 5G illustre une fois de plus une triste vérité en matière de considération des français par les gouvernements : comme l'a fait remarquer Gilles Johanet**, procureur général près la Cour des comptes, "la décision publique en France est encore trop souvent prise de façon subreptice. On considère que la population n’est pas capable de regarder le paysage dans le pare-brise mais simplement dans le rétroviseur." Des enjeux politiques, économiques et industriels ont, semblent-ils, une fois encore prévalus.
A suivre sur le sujet de la 5G : un entretien avec Frédéric Bordage, fondateur et animateur de GreenIT.fr.
**Les nouveaux enjeux des politiques publiques : https://www.youtube.com/watch?v=tRXQIeDhvjo
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