Président de l’Institut pour la transformation et l’innovation (ITI), Brieuc du Roscoat mène un projet de recherche sur l’intelligence artificielle générative (IAG), ses effets sur le management et la prise de décisions. Il attire notamment l’attention sur le fait que « l’IAG peut devenir rapidement un nouveau sujet de fracture considérable en France si une petite élite se l’approprie et l’impose d’en haut, comme cela s’est fait pour la dématérialisation des démarches administratives ». Selon lui, il est indispensable de former les cadres et les agents à l’utilisation de l’IAG.
L’IAG fait parler d’elle depuis deux ans environ, mais l’IA est bien plus ancienne. Cette histoire n’est-elle pas déjà ancrée dans notre quotidien et notre culture ?
Brieuc du Roscoat – On l’oublie souvent mais l’IA est pourtant une vieille connaissance : le grand public a découvert, en 1968, HAL 9000, véritable « personnage » dans le fameux film de Stanley Kubrick, 2001, l’Odyssée de l’espace. HAL, acronyme pour « ordinateur algorithmique programmé heuristiquement », est un supercalculateur doté d’IA, capable de participer avec fluidité à une conversation, apte à prendre de manière autonome des décisions et même apte à diriger seul le vaisseau spatial. Depuis le film, la notoriété de HAL s’est largement propagée dans des romans, des BD, des mangas, au cinéma, à la télévision, dans des web-séries, en informatique, et même en astronomie et en astronautique. Une culture populaire s’est donc créée autour de HAL et de l’IA. Un dialogue fluide entre un homme et une machine, on connaît, grâce au sérieux et à la précision qui ont entouré le film ! Souvenons-nous également de Deep Blue contre Kasparov dans les années 1990 qui, au passage, n’a pas signifié la disparition des échecs. Bien au contraire, les joueurs utilisent des logiciels de jeux d’échecs pour s’entraîner quotidiennement et améliorer leurs pratiques.
Pour ma part, je peux vous dire que l’on parlait d’IA dans les cours en sciences cognitives auxquels j’assistais durant mes études, voilà une vingtaine d’années ! Sortant de la recherche et de domaines spécifiques, l’utilisation de l’IA n’a ensuite eu de cesse d’envahir notre quotidien pour traduire des textes, nous déplacer, choisir des loisirs, aider les étudiants à faire leurs devoirs, ou bien un directeur général des services (DGS) à rendre en à peine plus d’une heure un document impeccable qui lui avait été demandé par un élu et qui, sans l’aide de l’IAG, aurait demandé plusieurs heures de travail !
On ne peut donc tout simplement pas dire « non » à l’IA.
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