Deloitte a publié les résultats de ses travaux sur le Fonctionnaire de demain, une étude conduite avec l'Ifop qui vise à recueillir la perception et les attentes de l'ensemble des Français et des fonctionnaires de l’Etat quant à la fonction publique. Cette étude a été réalisée d’avril à juin auprès d'un panel de 194 fonctionnaires de la Fonction publique d'Etat, ainsi qu’avec quinze entretiens qualitatifs auprès de DRH, secrétaires généraux et organisations syndicales, menés entre décembre 2011 et mars 2012 et auprès d’un panel de Français, conduit par l'IFOP.
Valeurs, missions, rémunération, statut, évaluation sont décortiqués à travers un état des lieux actuel et une projection dans les cinq années à venir. Evalués par les Français dans l’exercice de leur métier, les fonctionnaires obtiennent des notes proches de la moyenne ou en deçà avec un écart type très faible. L’intégrité et la compétence arrivent en tête des critères notés avec 5,6/10 et 5,5/10. A l’inverse, les compétences liées notamment à la qualité de service (réactivité, disponibilité et sens de l’écoute) et à la transparence reçoivent des notes plus basses, entre 4,8/10 et 4,4/10.
L’ensemble des Français établit par ailleurs une vraie distinction entre les métiers administratifs et de terrain. Les métiers administratifs, peu visibles et peu connus, font l’objet de clichés partagés par les Français interrogés. Les métiers de terrain sont quant à eux clairement identifiés et leur utilité sociale est reconnue. Ils ne sont pas appelés fonctionnaires mais policiers, pompiers, infirmières ou encore professeurs. Les Français interrogés pensent que les fonctionnaires ont une crise de vocation. Les motivations pour entrer dans la fonction publique ne seraient plus les mêmes et ne seraient plus seulement guidées par une volonté de s’engager dans un service au citoyen. Elle s’illustre du côté des fonctionnaires interrogés par une motivation première qui est la sécurité de l’emploi.
Malgré tout, la fierté d'appartenance à la Fonction publique des fonctionnaires est aujourd'hui très forte, avec 95% des fonctionnaires interrogés qui se déclarent fiers de l'être. Les valeurs les plus représentatives de la fonction publique aujourd’hui sont, pour l’ensemble des Français et les fonctionnaires interrogés, les valeurs traditionnelles fondatrices : la laïcité, la continuité de service et la neutralité. Les valeurs les moins représentatives sont globalement partagées et se rapportent à la performance, à la transparence, à l’adaptabilité et à l’exemplarité.
L’ensemble des Français se déclarent largement favorables à un partage des compétences entre public et privé dans une majorité des domaines évoqués : la gestion de l'eau et l'électricité pour 49% du panel interrogé, l'éducation (51%), le courrier (52%), la santé (55%), la protection de l'emploi (57%), le transport (68%), le logement et la culture (74%), la Recherche et le développement durable (76%). Seul le maintien de l'ordre reste considéré comme du ressort principal de l'état pour 74% des citoyens. En parallèle, ils réaffirment le rôle essentiel de l’Etat en étant très peu nombreux à envisager une prise en charge des missions par le privé uniquement. Les Français et les fonctionnaires interrogés ne sont pas optimistes quant à l’amélioration de la qualité du service rendu au public demain : dans cinq ans, 45% des Français et 57% des fonctionnaires estiment que la qualité de service à l’usager va se détériorer.
L’ensemble des Français évoquent plusieurs axes prioritaires d'amélioration de la qualité du service public : la rapidité du service (rapidité de la réponse à 69%, développement de l'administration électronique à 46%), l’accessibilité des services (aménagement des horaires à 53%, accès centralisé à 45%), la transparence dans les procédures et l’utilisation des deniers publics (commentaire : données issues des groupes qualitatifs), l’égalité de traitement (égalité de traitement pour tous à 41%, égalité sur le territoire à 33%). Ils insistent cependant sur le fait que ces améliorations ne doivent pas dégrader le contact humain (proximité, lien usager/fonctionnaire) auquel ils restent très attachés.
Au niveau du fonctionnement interne de la Fonction publique, l’ensemble des Français souhaitent des fonctionnaires qui leur ressemblent un peu plus, avec des conditions de travail plus proches de celles du privé. Ils imaginent davantage de points communs et de passerelles entre les secteurs public et privé pour améliorer la connaissance mutuelle, mettre fin aux clichés et favoriser une empathie entre les deux mondes. Toutefois, la question du maintien ou non de l'emploi à vie partage toujours l'opinion avec la moitié pour, l’autre contre.
Parmi les évolutions attendues dans les cinq prochaines années, les Français (à 45% contre 38%) et plus fortement les fonctionnaires interrogés (à 78%) considèrent que les compétences des fonctionnaires sont amenées à évoluer, en premier lieu vers plus de polyvalence puis de compétences managériales. L’ensemble des Français (91%) sont très majoritairement favorables à l’amélioration des possibilités d’évolution de carrière des fonctionnaires et 45% (contre 37%) d’entre eux pensent que cette amélioration sera effective au sein de la Fonction Publique dans cinq ans. 74% des fonctionnaires interrogés pensent que la gestion individualisée des parcours de carrière va se développer et ils se positionnent à 67% en faveur de cette évolution.
Les fonctionnaires interrogés se disent à 76% motivés par la mobilité (plus le niveau de responsabilité est élevé, plus cette motivation est forte) et 83% d'entre eux demandent un meilleur accompagnement de la mobilité. 92% des fonctionnaires interrogés anticipent un développement de l’évaluation et ils sont 71% à considérer cette évolution comme positive. Ils sont néanmoins critiques vis-à-vis des critères actuels d’évaluation qu’ils ne considèrent pas pertinents (à 56%). Parallèlement, ils formulent des attentes vis-à-vis de leur hiérarchie proches de celles du secteur privé (écoute, respect, soutien, sens, décisions, animation ou encore reconnaissance), tout en étant partagés quant à la pertinence et à la pérennité du terme Manager Public (51% des fonctionnaires interrogés déclarent le terme inadapté et 51% le déclarent pérenne).
L’ensemble des Français pensent globalement que la politique de rémunération mise en œuvre au sein de la fonction publique est peu attractive. Pourtant la grande majorité des fonctionnaires interrogés (74%) estiment leur rémunération adaptée à leur situation de travail. 83% des fonctionnaires interrogés pensent que l’individualisation de la rémunération va se développer et ils sont majoritairement contre (42% contre, 30% pour, 28% neutre).
Les fonctionnaires pensent à 83% que les récentes réformes de la fonction publique en ont modifié les valeurs. Cette évolution est perçue comme négative à 60%. Cependant, les fonctionnaires interrogés pensent à 56% que le changement dans la fonction publique d’Etat doit passer par une évolution des valeurs fondatrices. Se projetant dans le futur, l’ensemble des Français interrogés souhaiteraient voir se développer des valeurs de service et d’efficacité. Les fonctionnaires, eux aussi, imaginent la prépondérance de valeurs de service et d’efficacité, tout en rappelant l’importance de l’intégrité, de l’impartialité et de l’indépendance.
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