La Commission permanente du Conseil régional a récemment adopté un rapport pour poursuivre l'accélération du virage numérique pris dans 50% des lycées dès septembre 2019 (http://www.decideur-public.info/2019/09/rentree-scolaire-en-ile-de-france-virage-numerique-pour-50-des-lycees.html) : tous les élèves de seconde seront équipés de tablettes ou d'ordinateurs à la rentrée 2020.
Alors que la France est en plein confinement sanitaire, ces outils ont prouvé leur grande utilité dans la mise en place de la continuité pédagogique. En donnant à chaque élève les moyens de travailler de chez lui, ils ont aussi prouvé leur efficacité dans la lutte contre la fracture numérique, encore très marquée en Île-de-France, estime la Région.
Ainsi l'espace numérique de travail (ENT) des lycées de la Région Île-de-France Monlycée.net, réseau social éducatif enrichi ces derniers jours de nouveaux modules tel que la web-conférence, est à disposition des élèves, des parents d'élèves et des professeurs franciliens. Depuis la mise en place du confinement, Monlycée.net compte un million de connexions journalières, constate la collectivité territoriale.
C'est pourquoi la Région a décidé de continuer sur sa lancée pour la rentrée 2020 et de mettre à disposition un équipement numérique pour chaque nouveau lycéen, quel que soit le choix pédagogique de son établissement (manuels format papier ou numérique) : un ordinateur pour ceux qui entreront en classe de Seconde générale ou technologique, une tablette pour ceux entreront en Seconde professionnelle ou en première année de CAP. Ainsi, 106 000 ordinateurs et 31 000 tablettes vont être commandés par la Région Île-de-France qui a engagé 52 M€ dédiés à l'achat de ces équipements. En deux ans, près de 340 000 équipements auront été distribués aux élèves et enseignants des lycées franciliens, rappelle le communiqué.
Quelle valse de chiffres ! Toutefois en affirmant la grande utilité des outils numériques et leur efficacité dans la lutte contre la fracture numérique, la Région ne va-t-elle pas un peu vite en besogne ?
Pascal Plantard, Professeur d’anthropologie des usages des technologies numériques à l'Université Rennes 2, rappelle dans une tribune du Monde* que : «...la notion de « fracture numérique » est largement débattue par les chercheurs depuis vingt ans, à la fois par son caractère caricatural et idéologique... ». Les réponses à cette fracture ont en effet été trop souvent technocentrées négligeant les usages, les pratiques numériques, très divers notamment des jeunes, appelant des réponses moins partielles que la simple distribution de machines. Sans oublier que la période de confinement peut exacerber des situations familiales déjà délicates dans des lieux de vie exigus. Pourtant : « En cette période de crise sanitaire, n’est-on pas une nouvelle fois tenté de ne se distribuer que des machines, des ordinateurs recyclés ou des tablettes « magiques » aux élèves décrochés de l’école à la maison ? », interroge Pascal Plantard.
*Ecole à la maison : « Qui sont les 800 000 élèves “perdus” ? », Le Monde, 7 avril 2020.
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