Communautés de communes, villes, métropoles, départements : le niveau local, qui s’est déjà illustré par sa réaction face à la pénurie de masques et autres matériels médicaux* en devenant le creuset de la production distribuée, passe cette fois d’importantes commandes de masques réutilisables en tissus en vue du déconfinement.
50 000 pour Porte de DrômArdèche**, 110 000 pour la ville de Montreuil***, plus de 500.000 pour la Métropole rennaise et 1,7 million pour le Département des Hauts-de-Seine. Désireuses de protéger la santé de chaque concitoyen en distribuant gratuitement des masques, les collectivités locales le semblent tout autant de favoriser l’économie de leur territoire alors que le débat sur les relocations industrielles ne fait que commencer.
Porte de DrômArdèche a ainsi fait appel à l'entreprise de textile ardéchoise Chamatex, qui, organisée en filière, avait déjà lancé une production de masques. Le territoire compte en effet nombre d’entreprises opérant dans le secteur du textile et de la maroquinerie de luxe. Montreuil a pour sa part contracté avec une entreprise située sur le territoire de l'établissement public territorial Est Ensemble et travaillant avec des fournisseurs européens tout en lançant dans la foulée la «manufacture citoyenne» de confection de masques solidaires. Quand à Rennes, la commande regroupe 35 communes de la Métropole et 95 communes d'Ille-et-Vilaine. Là encore c’est la filière locale qui a été privilégiée et dynamisée.
En effet, dans un premier temps, la Ville de Rennes s'est rapprochée de l'entreprise TDV Industries, installée à Laval, spécialisée dans la production de tissus pour vêtements professionnels, civils et militaires. C'est avec ce nouveau prestataire que la municipalité s'est engagée pour tenter de structurer une filière bretonne de confection de masques en tissu. Non sans avoir obtenu une certification de la Direction générale de l'armement.
Sept confectionneurs, coordonnés par le réseau des Ateliers FIM sous la houlette des frères Martin-Lalande, basés en Ille-et-Vilaine (Fougères et Liffré), en Mayenne (Ernée) et dans la Sarthe (Brûlon), ont accepté de relever le défi et de réorienter leur activité, précise la ville de Rennes. Ceci en un temps record, grâce à l'adaptation de leurs outils de production (achat de 7 millions de mètres de fil à coudre et de centaines des milliers de ganses), à l'implication de leurs salariés et aux dizaines de recrutements effectués pour l'occasion. "C'est une vraie source de motivation pour les équipes, qui ont tout fait pour répondre à l'urgence, confirme Éric Martin-Lalande, PDG de Aqualux, qui confectionne habituellement des maillots de bain. Elles ont conscience de contribuer à l'effort national en travaillant sur les produits de première nécessité".
Près de 200 employés, soit la moitié des effectifs, sont aujourd'hui mobilisés dans les 7 entreprises de cette filière afin de produire 70.000 masques par semaine, rappelle la Ville de Rennes. "Nous venons d'investir pour robotiser davantage notre activité et doubler le rythme de production, précise de son côté Éric Martin-Lalande. Cette commande a d'abord été une très belle opportunité d'éviter d'avoir recours au chômage partiel. Aujourd'hui, elle nous ouvre de nouveaux débouchés".
Commenter cet article