Tel est le titre d’une Note Rapide de l’Institut Paris Région (« l’Institut ») (https://www.institutparisregion.fr/nos-travaux/publications/le-confinement-qui-la-mal-vecu-et-pourquoi.html) qui a tenté de décrypter les comportements des franciliens face au confinement du printemps 2020. L’étude de l’Institut, basée sur une enquête réalisée par Médiamétrie écarte d’emblée une idée reçue à savoir celle de l’exil massif des franciliens hors de la région, apporte un éclairage assez précis sur les ressentis des différentes catégories de personnes et montre à quel point les inégalités auxquelles nous sommes « accoutumés » peuvent être exacerbées lors d’une situation « extra-ordinaire ». Quant à l’évolution possible de certains facteurs aggravants du ressenti négatif du confinement, telles que les conditions de logement, l’horizon est bien sombre.
- Premier point à retenir : l’exode massif hors de l’ l’Ile-de-France n’a pas eu lieu. Selon l’étude seuls 5 % des franciliens ont séjourné en dehors de l’Ile-de-France lors du confinement. Lorsqu’ils ont quitté leur domicile les franciliens ont choisi la proximité, à savoir la même commune, une commune dans le même département ou encore un autre département mais toujours dans la région. Le détail du profil social et le secteur d’activité de ceux qui ont quitté leur résidence principale montre -on pouvait s’y attendre- de grandes disparités de situations : artisans, commerçants et chefs d’entreprise se sont le plus souvent éloignés de leur résidence principale alors que les ouvriers et les professions intermédiaires ont essentiellement passé le confinement chez eux. Comme l’observe l’Institut : « Le profil social de la commune de résidence est fortement lié à la mobilité résidentielle observée lors du confinement. Ce sont les franciliens habitant les communes les plus riches qui ont le plus souvent migré...».
- Second point, les ressentis : étonnement, une grande majorité de franciliens interrogés (83%) ont affirmé avoir bien vécu le confinement, un sur cinq estimant même l’avoir « très bien vécu ». Toutefois, l’étude fait ressortir une grande variété de ressentis selon le genre, l’âge, le groupe socio-professionnel, le secteur d’activité et bien sûr le logement. Les femmes ont par exemple plutôt moins bien vécu le confinement que les hommes, tandis que les chômeurs, les étudiants et les autres inactifs sont ceux qui ont, eux aussi, moins bien vécu cet épisode. Pour traverser plus sereinement un confinement mieux vaut être cadre salarié dans des secteurs d’activités tels que la banque et l’assurance, la recherche, l’enseignement, la communication ou encore les technologies de l’information.
Ces salariés ont pu bénéficier du filet de sécurité que procure le chômage partiel et, par ailleurs, le télétravail, dont l’usage a doublé dans la région pendant la période considérée (https://www.institutparisregion.fr/nos-travaux/publications/le-confinement-accelerateur-du-teletravail.html), leur a offert un confort certain. Mais « Si près de la moitié des professions intermédiaires et trois quarts des cadres ont travaillé depuis leur domicile pendant cette période, ce n’est le cas que chez 20 % des employés, 18 % des artisans, commerçants et chefs d’entreprise, et 3 % des ouvriers », précise l’Institut dans sa Note Rapide sur le télétravail pendant le confinement.
- Enfin, au chapître des inégalités « traditionnelles », les conditions de logement constituent un facteur particulièrement aggravant du ressenti des franciliens sur la période de confinement, par exemple en cas de surpeuplement. Ainsi ceux qui disposaient d’un jardin ou d’une cour individuelle déclarent avoir moins mal vécu l’épisode que les autres (alors qu’un francilien sur cinq était dans un logement sans accès à l’extérieur), tout comme ceux qui ont profité du temps libre permis par le confinement pour s’occuper de leur maison et de leur famille. A l’inverse, 24 % des franciliens qui ont traversé cette épreuve en habitat collectif déclarent avoir mal vécu cette expérience, un chiffre identique à ceux qui ont vécu en situation de surpeuplement (plus d’occupants que de pièces disponibles). « L’impossibilité de pouvoir s’isoler dans une pièce de son logement a été un facteur aggravant le mal vécu », observe l’Institut.
- Si l’envie d’améliorer ses conditions de vie est exprimé par un certain nombre de franciliens suite à la période confinement (près d’un tiers des sondés), cette proportion n’a toutefois rien de surprenant par rapport aux résultats d’enquêtes antérieures à la crise sanitaire. Le mal être en Ile-de-France, crise sanitaire ou pas, persiste. Sans surprise également la moitié de ceux qui souhaitent déménager avouent que ce projet est irréalisable.
L’Institut conclut sa Note en se demandant si le confinement -qui exacerbe les inégalités sur une période de temps très courte- et ses enseignements auront une incidence quelconque notamment sur les politiques publiques en matière sociale, économique et d’aménagement du territoire. Compte tenu du contexte sanitaire actuel dominé par une grande incertitude, notamment par rapport à la mise au point d’un vaccin, les questions de logement et de transport par exemple ont peu de chances de devenir des priorités dans les prochains mois.
On peut toutefois s’interroger sur l’évolution des ressentis que pourrait avoir un second confinement (même local ou partiel) si la pandémie se pousuivait au rythtme actuel.
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